Qu'est-ce qui fait un bon photographe ?
onnaissez-vous Dmitry Baltermants ?
Allez, je vous souffle la réponse : c'est un photographe, pour la nationalité vous avez deviné : russe soviétique.
Son chef d'oeuvre, en 1942, qu'il intitula "Gorié" (Douleur), le voici :
Lors de sa découverte par l'Occident, en 1960, les journaux du monde entier se l'arrachèrent. Le Vatican lui demanda l'autorisation de s'en servir pour illustrer la douleur humaine dans une encyclopédie religieuse.
La désolation, l'horreur, la solitude, l'inhumanité de l'humanité, tout y est et même plus. Comment peut-on donner une telle beauté à la violence ?
D. Baltermants a raconté que la femme du premier plan l'avait attiré par ses cris. Voilà pour la prise.
Quand au ciel, il l'a ajouté après coup, pour masquer des taches sur la pellicule... voilà pour le labo.
La morale de cette histoire ?
Une profession meure : celle des photographes, exterminés par le numérique grand public qui nous permet de nous prendre pour Nadar, exploités par les agences qui ne connaissent que la beauté d'un bilan présentant un profit, sans défense devant le copié-collé d'internet (mon illustration ci-dessus en est la preuve).
Mais si ce n'était qu'une profession, après tout le mal serait moindre : qui pleure aujourd'hui la disparition des rémouleurs, ou rétameurs, ou... ?
Seulement, voilà, ce n'est pas qu'une profession : c'est un Art ! Et lorsque ces Artistes auront disparus, que nous restera-t-il ?
Un logiciel enlevant le rouge des yeux du petit dernier pour faire plus joli...
Dernière précision : je ne suis pas photographe.